Une nouvelle noire de Samy Fontaine.
Un jour d’été caniculaire, Martin, assistant social, se rend dans un camping résidentiel rempli de caravanes vieillies et mal entretenues. Les lieux respirent la pauvreté et un relatif manque d’éducation. Martin vient s’assurer de l’état de santé de Jonathan, un jeune garçon qui ne s’est pas présenté en classe depuis plusieurs jours.
Le dossier des parents est déjà bien chargé, et l’assistant social consciencieux veut s’assurer que l’état du jeune homme n’est pas lié à quelque violence que ce soit, que Jonathan ne passe pas par ce que son grand frère a subi…. Mais, c’est au détour d’une question anodine que la visite de Martin prendra une autre tournure…
Le commentaire d’Audry
Perturbante Visite est le récit prenant d’une entrevue vivante et tendue qui nous emmène dans le passé de chacun des protagonistes. Même si l’essentiel de l’histoire se déroule sur quelques mètres carrés, l’auteur Samy Fontaine réussit à nous transporter dans le passé de tous les personnages, alternant bons et mauvais côtés.
Un emballement crescendo et une enquête fouillée se présentent sous la forme d’un diptyque qui fait face à des scènes finales noires et extrêmement bien ficelées, formant probablement un des côtés les plus réussis de cet ouvrage.
Avec cette « utilisation » finale de tout ce que Samy Fontaine dissémine au cours de son texte, on ne peut voir en cet auteur qu’un novelliste dramaturge talentueux..
Le seul petit bémol pour moi réside dans une certaine longueur des descriptions initiales, où l’on sent l’envie d’en dire beaucoup sur le milieu familial, peut-être trop par rapport à ce qui est nécessaire. Ne vous arrêtez pas à celles-ci.
Samy Fontaine se révèle pour moi beaucoup plus dans le tranchant et la vigueur de ses dialogues.
Et donc, « Oui, Monsieur, ce livre peut trancher » (bon, je ne suis pas doué pour faire des parodies de « Le meilleur forgeron », surtout si vous n’avez pas la référence).
Le format court choisi par l’auteur, une quarantaine de pages, est tout à fait adapté à la tension nécessaire au roman noir, et qui plus est, dans l’air du temps : il ne faut que quelques minutes, une heure maximum, pour vivre cette aventure dévorante. Un voyage ou une pause à la plage !
Bref, un récit, une nouvelle à lire, vraiment, nous recommandons.