Dans l’œuvre de Félix Radu, certaines phrases semblent se détacher du reste comme des lanternes dans un couloir sombre. Parmi les plus fortes, trois reviennent souvent, toutes issues d’une interview donnée dans le podcast Métamorphose (épisode 71), où l’artiste déploie sa pensée avec une douceur qui n’exclut pas la lucidité.
La première frappe par sa justesse paradoxale : « Il faut savoir être heureux d’être triste. » On y entend une philosophie à hauteur humaine, l’idée que la vulnérabilité n’a rien d’un accident mais qu’elle fait partie du paysage intérieur.
La seconde, plus incisive, glisse presque comme un constat face au monde moderne : « Si vous êtes à l’étroit dans votre vie, c’est que vous n’êtes pas dans la bonne. » Elle évoque une forme de décalage, ce moment où l’existence semble mal taillée, comme un costume emprunté.
La troisième, plus métaphorique, rend hommage à ceux qui transforment l’ordinaire en enchantement : « C’est parce que les magiciens font le sacrifice d’oublier la magie qu’ils peuvent la faire exister pour les autres. » On y lit sa manière d’aborder le métier : offrir, sans chercher à s’offrir soi-même.
Ces trois phrases suffiraient presque à décrire son esthétique : un mélange de poésie, de lucidité, d’élan humaniste et de mélancolie lumineuse.
Sources :
Podcast Métamorphose – Épisode 71 : https://shows.acast.com/metamorphose-le-podcast-qui-eveille-la-conscience/episodes/71-felix-radu
Biographie et formation
Félix Radu naît à Namur en 1995. Très tôt, il développe un rapport intime avec la langue : non pas une simple admiration scolaire, mais une curiosité organique, comme si les mots étaient les pièces d’un mécanisme secret dont il s’efforcerait de comprendre la pulsation. Il rejoint l’IATA, où il se forme à l’Art de la parole, puis la Classe Libre du Cours Florent, tremplin rare réservé aux profils singuliers.
Son ascension se précise en 2016 lorsqu’il reçoit le Prix Raymond Devos pour l’humour. La distinction n’a rien d’anodin : elle salue un humour littéraire, un travail où chaque phrase doit être tenue, rythmée, presque chorégraphiée. Ce prix le place d’emblée du côté de ceux pour qui le verbe est un terrain de jeu, mais aussi un lieu d’exigence.
Sources :
Biographie officielle : https://felixradu.com/biographie/
Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Félix_Radu
RTBF : https://www.rtbf.be/article/felix-radu-humoriste-namurois-manie-les-mots-de-facon-magistrale-9877827
Prix Raymond Devos : https://www.funradio.be/felix-radu-recompense-par-le-prix-raymond-devos-pour-lhumour/
Un parcours qui mêle théâtre, radio et écriture
Son premier seul-en-scène, Les mots s’improsent, qu’il commence à écrire dès l’adolescence, devient sa carte d’identité artistique. On y trouve déjà la trame qui ne cessera de l’accompagner : un humour nourri de littérature, de philosophie, d’absurde, et parfois de cette mélancolie qui s’insinue entre deux éclats de rire.
À la radio, notamment au sein de La Première (RTBF), ses chroniques rencontrent un large public. Elles circulent pendant plusieurs années, partagées pour leur manière de combiner émotion, finesse et sens du rythme. Loin d’être des billets d’humeur, ce sont souvent des textes presque théâtraux, où la brièveté devient une force.
En parallèle, il écrit la pièce Rose & Massimo, montée à Paris, preuve qu’il ne se limite pas à l’humour mais cherche des espaces narratifs plus larges.
Sources :
RTBF – chroniques : https://www.rtbf.be/article/felix-radu-sur-le-succes-de-ses-chroniques-c-etait-une-vraie-aventure-mais-a-un-moment-j-y-allais-en-tremblant-10840932
Présentation du spectacle : https://theatrejardinpassion.be/spectacle/felix-radu-les-mots-simprosent/
Analyse critique : https://www.lejouretlanuit.net/scenes/félix-radu-le-jeune-comédien-fait-pleurer-de-rire-avignon/
Pièce Rose & Massimo : https://fr.wikipedia.org/wiki/Félix_Radu
Son style : un théâtre de mots
Décrire le style de Félix Radu, c’est accepter que la langue y soit protagoniste. Les rimes, les glissements de sens, les calembours, les retournements, tout y circule comme dans une mécanique subtile. Ses spectacles alternent confidences, réflexions existentielles, jeux de mots acrobatiques, moments d’absurdité et respirations plus graves.
Ce n’est pas un humoriste dans la forme la plus attendue ; il appartient à cette famille rare d’artistes qui parlent au public comme à un ami lucide, capable de nommer ce qui fait mal tout en faisant sourire.
Cette façon de tenir la scène, à mi-chemin entre le théâtre et la conférence intime, rappelle que l’humour peut être plus qu’un divertissement : un angle pour comprendre le monde.
Sources :
Le Jour et la Nuit : https://www.lejouretlanuit.net/scenes/félix-radu-le-jeune-comédien-fait-pleurer-de-rire-avignon/
Les Pot du Rire – entretien : https://www.lespotdurire.fr/interviews/felix-radu/
Présentation artistique : https://bela.be/auteur/felix-radu
Son actualité : un artiste en mouvement
Félix Radu continue aujourd’hui d’explorer plusieurs terrains : la scène, le texte, les entretiens et les collaborations artistiques. Son passage remarqué dans le podcast Métamorphose témoigne d’un virage introspectif où la parole compte autant que le spectacle. Il poursuit également ses représentations, et des dates régulières apparaissent encore en Belgique comme en France.
Il n’a jamais cherché à se fixer dans une seule forme : son travail avance au rythme de ses réflexions, de ses lectures, de sa manière d’habiter les mots.
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